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Ribambelles & Ribambins
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30 janvier 2009

Fanchon

Définition selon le littré. Fanchon (s;f): Petit fichu à pointes ou arrondi que les femmes portent en place de bonnet, ou par-dessus le bonnet.   Etymologie: Fanchon, nom de femme, diminutif de Françoise.

C'est un commentaire laissé par Ptite Fanchon qui a fait ressurgir le souvenir de ces deux illustrations trouvées sur une brocante à Marseille. En règle général je déteste que les livres soient saccagés et que les illustrations en soient ôtées sauf s'ils sont tellement abimés que les pages se désolidarisent. Et cette fois si une exception a été faite .... Aucune idée de leur origine si ce n'est qu'elles proviennent d'un livre du début du XX siècle. Comme d'habitude, toute suggestion sera la bienvenue.

Fanchon

CHAPERON_ROUGE_FANCHON

Venaient-elles illustrer le texte d'Anatole France:  Nos enfants, scènes de la Ville et des Champs? S'agissait-il des planches d'une histoire dont les petites filles mettaient en scène le texte ?

Extrait de Fanchon d'Anatole France. Pour la version intégrale en anglais ou en français cliquez sur les images.

Fanchon s'en est allée de bon matin, comme le petit Chaperon rouge, chez sa mère-grand, qui demeure tout au bout du village. Mais Fanchon n'a pas, comme le petit Chaperon rouge, cueilli des noisettes dans le bois. Elle est allée tout droit son chemin et elle n'a pas rencontré le loup.

Elle a vu de loin, sur le seuil de pierre, sa mère-grand qui souriait de sa bouche édentée et qui ouvrait, pour recevoir sa petite-fille, ses bras secs et noueux comme des sarments. Fanchon se réjouit dans son coeur de passer une journée entière chez sa grand'maman. Et la grand'maman, qui, n'ayant plus ni soucis ni soins, vit comme un grillon à la chaleur du foyer, se réjouit aussi dans son coeur de voir la fille de son fils, image de sa jeunesse.

Elles ont beaucoup de choses à se dire, car l'une revient de ce voyage de la vie que l'autre va faire.

« Tu grandis tous les jours, dit la grand'mère à Fanchon, et moi, je me fais tous les jours plus petite ; et voici que je n'ai plus guère besoin de me baisser pour que mes lèvres touchent ton front. Qu'importe mon grand âge, puisque j'ai retrouvé les roses de ma jeunesse sur tes joues, ma Fanchon ! »

Mais Fanchon se fait expliquer pour la centième fois, avec un plaisir tout nouveau, les curiosités de la maisonnette : les fleurs de papier qui brillent sous un globe de verre, les images peintes où nos généraux en bel uniforme culbutent les ennemis, les tasses dorées dont quelques-unes ont perdu leur anse tandis que d'autres ont gardé la leur, et le fusil du grand-père, qui demeure suspendu, au-dessus de la cheminée, à la cheville où il l'attacha lui-même pour la dernière fois, il y a trente ans.

Mais le temps passe et voici l'heure de préparer le dîner de midi. La mère-grand ranime le feu de bois qui sommeille ; puis elle casse les oeufs dans la tuile noire. Fanchon regarde avec intérêt l'omelette au lard qui se dore et chante à la flamme. Sa grand-maman sait mieux que personne faire des omelettes au lard et conter des histoires. Fanchon, assise sur la bancelle, le menton à la hauteur de la table, mange l'omelette qui fume et boit le cidre qui pétille. Cependant la grand'mère prend, par habitude, son repas debout à l'angle du foyer. Elle tient son couteau dans la main droite et elle a, de l'autre main, son fricot sur une croûte de pain. Quand elles ont fini de manger toutes deux :

« Grand'mère, dit Fanchon, conte-moi l'Oiseau bleu. »

Et la grand'mère dit à Fanchon comment, par la volonté d'une méchante fée, un beau prince fut changé en un oiseau couleur du temps, et la douleur que ressentit la princesse quand elle apprit ce changement et lorsqu'elle vit son ami voler tout sanglant vers la fenêtre de la tour où elle était renfermée.

Fanchon reste pensive.

« Grand'mère, dit-elle, est-ce qu'il y a longtemps que l'Oiseau bleu vola vers la tour où la princesse était renfermée ? »

La grand'mère répond qu'il y a beau jour de cela, et que c'était du temps que les bêtes parlaient.

« Tu étais jeune alors ? » dit Fanchon.

- Je n'étais pas encore née », dit la mère-grand.

Et Fanchon lui dit :

« Grand'mère, il y avait donc déjà des choses quand tu n'étais pas née ? »

Et lorsqu'elle a fini de parler, la mère-grand donne à Fanchon une pomme avec du pain et lui dit :

« Va, mignonne, va jouer et goûter dans le clos. »

Et Fanchon va dans le clos, où il y a des arbres, de l'herbe, des fleurs et des oiseaux.

Bonne journée Ptite Fanchon......

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Commentaires
V
Très bel extrait, merci
R
Un texte apaisant du stress urbain.<br /> j'ai prévu de faire un billet sur M Boutet de Monvel. Le net regorge de blogs le mentionnant et présentant son œuvre mais ce sera juste pour le plaisir.<br /> En attendant il me semble que http://bibliodyssey.blogspot.com/ en a parlé.
P
Merci pour le lien que tu as rajouté dans un commentaire !
V
Voilà donc mon ultime lecture du soir et je te remercie. ça me donne juste envie de filer à la bibliothèque et le lire en entier !<br /> Bon week-end.
R
Le texte est beau. Je l'ai découvert en cherchant des illustrations de M Boutet de Monvel.<br /> Un tout autre style, des exemples ici :<br /> http://www.lyonsltd.com/Subjects/Children_s_Illustrations/French_Children_s_Illustrations--<br />
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